02/03/2014
Afrique du Nord / Proche-Orient

La raréfaction des ressources en eau au cœur d'une conférence de la FAO

Une conférence régionale de la FAO pour le Proche-Orient et l'Afrique du
Nord – NERC 32, est organisée du 24 au 28 février à Rome, en Italie.
Elle sera l'occasion pour les participants d'examiner une nouvelle
Initiative régionale sur la raréfaction de l'eau, lancée par la FAO dans
le but d'aider les États membres à identifier des stratégies, des
politiques et des pratiques axées sur des solutions durables face à
l'appauvrissement des ressources en eau et aux problèmes de sécurité
alimentaire qui s'y rattachent

La rencontre aura pour thème le renforcement de la résilience et de la
sécurité alimentaire de la région. Elle sera la première d'une série de
réunions qui se tiendront tout au long de 2014 dans chacune des cinq
régions opérationnelles de la FAO. À cette occasion, les participants
examineront la situation de l'alimentation et de l'agriculture dans la
région et des questions connexes, comme les pertes et gaspillages
alimentaires le long de la filière, de la production à la consommation,
la réduction des disparités entre les sexes, et d'autres approches
visant à améliorer les perspectives de l'agriculture et du développement
rural. Ils devront à cette même occasion insister sur le rôle de la
coopération régionale pour améliorer la gestion de l'eau dans
l'agriculture. Ils devraient aussi donner des orientations sur les
secteurs prioritaires d'action, comme par exemple améliorer la
gouvernance et les institutions ; donner voix au chapitre aux
agriculteurs et aux autres partenaires non étatiques ; et renforcer
l'efficience de l'utilisation de l'eau.

Les disponibilités d'eau douce de la région devraient fléchir de 50 %
d'ici à 2050. D’ores et déjà plus de 60 % des ressources hydriques
utilisées par les pays de la région viennent de l'extérieur, au-delà des
frontières nationales et régionales. Quant aux disponibilités d'eau
douce par habitant dans ces pays, elles ont chuté des deux tiers au
cours des 40 dernières années, suscitant un regain d'inquiétude sur la
dégradation de la qualité de l'eau et l'impact du changement climatique.
Selon la FAO, l'évolution démographique ajoute un caractère d'urgence
au problème : la sous-alimentation chronique dans la région est estimée à
11,2 % pour la période 2010-2013, tandis que la population continue à
croître au rythme de 2 %, soit près du double du taux mondial. Il faut
aussi noter le fait que l'agriculture et les autres activités connexes
consomment plus de 85 % des ressources disponibles en eau pluviale, eau
d'irrigation et eaux souterraines. Ce qui fait que la demande de
produits agricoles devrait grimper avec l'expansion des populations
urbaines et la hausse des exportations.

Pour le sous-directeur général de la FAO et représentant régional pour
le Proche-Orient et l'Afrique du Nord, Abdessalam Ould Ahmed, le secteur
agricole doit être au cœur des réponses de son institution face à
l'enjeu de l'eau qui se dessine au Proche-Orient et en Afrique du Nord. "De
loin le plus gros utilisateur d'eau de la région, il est également
fondamental pour notre subsistance et notre résilience à long terme,
représentant environ 95 milliards de dollars de valeur ajoutée pour les
économies régionales"
, a-t-il indiqué. "La région a fait de gros
progrès en l'espace de deux décennies en matière de développement de ses
capacités d'utilisation et de stockage de l'eau, mais il reste encore
beaucoup à accomplir pour améliorer l'efficience de l'eau dans
l'agriculture, protéger la qualité de l'eau et relever les défis liés au
changement climatique"
, a ajouté Abdessalam Ould Ahmed.

La phase pilote de l'Initiative avait été lancée en juin 2013. Durant
cette phase, six pays (Égypte, Jordanie, Maroc, Oman, Tunisie et Yémen)
ont passé en revue l'état de leurs disponibilités et de leurs
utilisations d'eau, ainsi que le potentiel d'accroissement de la
production agricole. Ils ont aussi cherché à répertorier et à établir
l'ordre de priorité des options pour les approvisionnements alimentaires
futurs par rapport à leurs coûts économiques et à leurs exigences en
eau ; et à analyser les performances de la gestion de l'eau dans
l'agriculture et les politiques, la gouvernance et les questions
institutionnelles s'y rapportant. Le travail accompli dans le cadre de
l'Initiative encouragera donc d'autres pays de la région à s'inspirer de
leurs succès pour améliorer la gestion et l'utilisation des systèmes
pluviaux irrigués et d'eaux souterraines par le biais d'une approche
innovante.

Signalons que les conférences régionales consacrées à ce secteur sont
convoquées tous les deux ans. Elles réunissent généralement les
ministres de l'Agriculture et les hauts responsables des États membres
de la même région géographique autour des enjeux qui dépassent les
frontières nationales et les questions prioritaires liées à
l'alimentation et l'agriculture. NERC 32 débutera par une réunion de
trois jours des hauts fonctionnaires (24-26 février) et s'achèvera par
une réunion ministérielle les 27 et 28 février.

Nestor N'gampoula, Les Dépêches de Brazzaville – AllAfrica 20-02-2014